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lundi 18 mars 2013

J'ai lu le

paru le 13 mars 2013
aux éd. Grancher, 493 p., 24 €

TOUTE langue est mortelle. Nulle n'est aussi provisoire et volatile qu'un argot. Où donc sont passés les protals (proviseurs) et les surgés (surveillants généraux) de mes bahuts (lycées) ? Hélas : le surgé est rétrogradé "C.P.E, conseiller principal d'éducation"…
Le temps de l'Occupation allemande et de la Résistance est plus loin encore. C'était un temps déraisonnable. On y vit des truands faire la police, et des policiers tremper dans le crime. La clandestinité exige un langage codé. “ Appelez le pistolet "mouchoir" ”, ordonne-t-on à une escouade de maquisards… qui rend bientôt un inventaire comprenant “ 2 mouchoirs à barillet 6/35 ”. Mais en voyant dans ce dictionnaire fleurir mille vocables de fantaisie, un seul mot porter dix ou quinze masques différents, l'on comprend que la clandestinité est le motif de l'argot, le plaisir son moteur. Bientôt l'on partage ce plaisir ; amer, en pensant aux supplices et aux morts ; vertigineux, auprès d'un acteur de l'époque, le stalinien génial Louis Aragon :
Poubelle immense du langage
Sanglots jaunis photos passées
Dans l'alphabet noir des lits-cages
Les dormeurs se sont effacés




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